Le vote blanc consiste pour un électeur à déposer dans l'urne
un bulletin sans aucune mention de candidat. Contrairement à l'idée
reçue, glisser une enveloppe vide dans l'urne revient à être
comptabilisé dans les "votes nuls". Pour être comptabilisé
en "vote blanc", il faut donc bien déposer dans l'enveloppe un
papier où il n'y a aucun nom d'inscrit.
A cet égard, l'article L.66 du code électoral est très clair.
Extrait : "ne doit pas être comptabilisé comme suffrages exprimés
les bulletins blancs, les bulletins trouvés dans l'urne sans enveloppe,
les enveloppes ne contenant aucun bulletin, les bulletins écrits sur du
papier couleur, les bulletins avec des commentaires (...)". Autrement dit,
le vote nul est un vote non réglementaire, le vote blanc consiste à
mettre un bulletin blanc dans l'enveloppe.
Dans les deux cas, le vote est comptabilisé dans l'abstention.
En l'assimilant à de l'abstention, le vote blanc n'est pas reconnu. Le
chiffre est connu puisque chaque bureau de vote doit comptabiliser les votes blancs,
mais il n'est pas reconnu officiellement dans la mesure où il est mélangé
avec l'abstention.
Pourtant, le vote blanc est un moyen d'expression pensé qui a une signification
différente du vote nul, c'est-à-dire d'un électeur qui s'est
trompé ou qui a mis un commentaire sur le bulletin sans savoir que ça
allait l'invalider. Or, si le vote blanc exprime une défiance à
l'égard des candidats, il reconnaît la légitimité de
l'élection.
Selon un sondage du CEVIPOF, 36% de ceux qui votent blanc le font car ils ne se reconnaissent pas dans les candidats, 35% le font car ils sont hostiles à la politique, 20% parce qu'ils n'arrivent pas à choisir leur candidat, 13% par manque d'intérêt et 11% de ceux qui votent blanc le font car ils s'estiment ne pas être assez informés.
Il existe un parti blanc dont le seul objectif est de faire reconnaître
le vote blanc aux élections. Par ailleurs, François Bayrou est l'un
des rares candidats à avoir pris position pour la reconnaissance des votes
blancs. Le candidat de l'UDF souhaite rendre le vote obligatoire mais s'engage
à comptabiliser les votes blancs dans les suffrages exprimés en
contrepartie. Ainsi, au moment de la proclamation des résultats du second
tour de la présidentielle en 2002, on aurait donné le score de Jacques
Chirac, celui de Jean-Marie Le Pen, et le nombre de votes blancs (le taux s'élevait
à 5,37% en 2002 au deuxième tour).
En Europe, seul un pays reconnaît officiellement le vote blanc : la Suède.
Dans les autres pays du monde, le vote blanc n'est reconnu officiellement que
si le vote est obligatoire. C'est le cas du Pérou où l'élection
présidentielle peut être annulée si les 2/3 des suffrages
exprimés sont blancs ou nuls.
En France, selon l'article 7 de la Constitution, le président de la République est élu "à la majorité des suffrages exprimés". Or, le vote blanc n'est pas considéré comme un suffrage exprimé et ce pour plusieurs raisons. Si les bulletins blancs étaient comptabilisés, un candidat pourrait alors être élu sans obtenir forcément la majorité absolue. La légitimité de l'élu serait alors en question. De même, lors des élections législatives, comptabiliser le vote blanc reviendrait-il à laisser des places vides à l'Assemblée nationale ? Le débat reste ouvert.
- Olivier Durand, Le vote blanc, pour un suffrage vraiment universel, L'Harmattan,
Paris, 1999
- Guide du bureau de vote, La documentation française, 2007
- Sondages TNS/Sofres sur les taux d'abstention lors des élections présidentielles